Mais comme si un malheur en entrainait un autre, il se trouve que le Praud de « 20h foot » est aussi celui qui arbitre l’émission « L’heure des pros » (de la censure déguisée en débat). Le même qui, alors qu’il traitait le thème du « harcèlement de rue » (autre synonyme de « l’insécurité ») a contribué à détourner notre attention de l’affaire Harvey Weinstein (présumé violeur au série au col bien blanc, la mallette débordant de dollars et géant d’Hollywood). Ce faisant nous avons vu à quel point il pouvait être expert dans l’art d’user et d’abuser de son rôle d’arbitre (initialement neutre) pour imposer une injonction, déguisée en objection, à peu prêt en ces termes :
Soutenir que le monde Occidental n’a pas le même rapport à la femme que certaines autres sociétés, on peut quand même s’autoriser à le dire (sans être taxé de raciste) ?*
Ce qu’aucun des protagonistes en présence n’a juger bon de reprendre, sous-entendant que cette réalité était somme toute incontestable.
Or ce propos habilement travesti en réflexion philosophique ne peut être apprécier en dehors d’un prisme esclavagiste et colonial qui lui retire toute neutralité, ceci toujours au profit de la suprématie blanche.
D’autant que des personnalités politiques françaises de haut vol, récentes et passées, ont par ailleurs prétendues que la colonisation était un mal, certes, mais sans lequel les populations (non-blanches) n’auraient jamais pu goûter aux avantages de la civilisation (blanche). Autrement dit, dans le même ordre d’idée, les « Praud » de la bien-pensance auraient tout aussi bien pu incarner cette autre pensée :
Or considérer ce genre d’acception en occultant (in)volontairement le fait que l’Occident en général – et la France en particulier – place idéologiquement les « blanc.he.s » tout en haut de l’échelle des races et des classes, tandis que les « noir.e.s » tout en bas, nous interdit d’en saisir la véritable portée.
Autrement dit cette question ne peut en aucun cas faire abstraction du prisme esclavagiste colonial, néocolonial, voire neurocolonial qui conditionne fortement notre perception du monde présent.
Ce qui laisse entendre que notre cerveau est pré formaté à concevoir la réalité selon un ordre des choses qui privilégie toujours les mêmes, en leur donnant le rôle de gentils/de bons, tandis que nous autres sommes traditionnellement destiné.e.s à endosser les rôles de méchants et de sauvages. Or le passé esclavagiste et coloniale qui fonde la France d’aujourd’hui (ainsi que son football) ne nous autorise pas à aborder la question plus que tendancieuse posée par M. Praud d’une manière neutre. Car ce serait ignorer que notre consentement est constamment en proie à une véritable dictature de la pensée organisée par les forgeurs d’opinion dont il fait parti. Tout ceci sachant que ces derniers ne servent, (in)consciemment, rien d’autre que les intérêts des démocraties dissimulant les dictatures les plus efficaces.
Car si les mass-médias au service de ce pouvoir blanc sont plus prompt à pardonner à Cantona** d’avoir accompli le même geste qu’Evra, pourquoi semble-t-il à ce point incapable d’en faire de même pour ce dernier ?